|
Le dos du tableau est recouvert d'une
couche de gouache uniforme de couleur grise. Le tiers supérieur de ce
couché est délavé tandis que les deux tiers restant ne présentent pas
d'altération de la couche couvrante.
Une observation minutieuse de la partie altérée
fait apparaître un certain nombre de foulages et de tracés divers constitués
de nombreuses inscriptions, dessins, croquis et signatures dont certains
difficilement interprétables. Sur la partie inférieure, aucun tracé n'est
visible car la partie superficielle de la couche de gouache n'a pas été
altérée. Des essais préliminaires ont montré que la gouache ne pouvait
être retirée sous peine d'altération du support.
L'examen du dos du tableau sous radiations
ultraviolettes permettait de lire la signature Picasso et mettait en évidence
une phrase difficilement déchiffrable. La mise en évidence d'un phénomène
de fluorescence ultraviolette dans le visible réalisée par le laboratoire
de police scientifique de Lausanne a permis de photographier la totalité
de cette phrase et d'en déchiffrer quelques mots tels que `` Rouel ´´
( pour Durand - Ruel ), le mot catalan argotique `` calés ´´ suivie de
la mention 03 et la signature Picasso. Dans le but de déchiffrer l'entier
de la phrase qui est : `` A Fernandez llame Duran - Rouel y le dara muchos
calés 03´´, on a fait appel au laboratoire de police scientifique de Paris.
Ce déchiffrage a été possible grâce à l'utilisation d'un appareil vidéo
spectral VSC1. En outre des dessins, croquis, inscriptions, signatures,
de diverses époques en niveaux superposés, invisibles en lumière blanche
et ultraviolette, ont ainsi été révélés et photographiés par l'intermédiaire
d'un écran cathodique. Il est déjà difficile de reproduire les dessins
de Picasso, qui sont inimitables du fait de son génie, à partir de photographies
parfaitement lisibles. Mais cela devient particulièrement difficile dans
le cas présent. C'est la raison pour laquelle, sur les nombreux dessins
qui s'enchevêtrent dans tous les sens au dos du tableau, seuls ceux qui
sont parfaitement définis et visibles ont été repris, photographiés puis
redessinés sur la photographie, avec un maximum de précision et de rigueur.
Dix-sept dessins ont été ainsi révélés puis étudiés.
Il est intéressant de rappeler que Picasso
avait l'habitude de couvrir les supports de ses tableaux de nombreux dessins,
croquis, inscriptions, signatures, qui, dans tous les sens se superposaient
et se chevauchaient en de véritables gribouillages ( Roland Penrose ).
Il n'aimait pas écrire mais pensait très rapidement. Il traduisait sa
pensée par des signes et des dessins ultra - rapides plutôt que par des
phrases ; ce qu'on appelle des `` signes - écritures ´´.
Picasso avait également pour habitude de
retracer des épisodes de sa vie ou de celle de ses amis sur des dessins
accompagnés de légendes rappelant les bandes dessinées, qu'il appelait
``Allellulias ´´ ( Roland Penrose ).
La bande dessinée mise en évidence au dos
du portrait de La femme en bleu au béret peut s'interpréter ainsi
: Picasso s'enthousiasme à l'idée d'aller à Paris comme il l'a fait précédemment
et imagine à l'avance ce voyage.
|
|



|